Briser la barrière linguistique pour améliorer les rapports entre les administrations et le public
A Paris, à la fin des années 70, de nombreux travailleurs étrangers habitent entre Barbès et Ménilmontant. Tous ont gardé une femme, une mère, une sœur ou un frère, des parents au pays. La Poste – qu’on appelait encore les PTT – sont un lien privilégié. Dans ces quartiers, la moitié des mandats internationaux sont expédiés par des Algériens, des Marocains et des Tunisiens ; ce sont eux qui ouvrent un tiers des nouveaux livrets de la Caisse d’Epargne.
La poste est un outil précieux, encore faut-il savoir s’en servir. Omar et Hocine habitent Ménilmontant, dans le 20ème arrondissement. Leur bureau de poste est rue Etienne Dolet. Ce sont de bons clients, pour un transfert de fonds, un dépôt d’argent, l’envoi d’une correspondance ou d’un colis. Mais pour être des habitués, ils n’en sont pas moins exposés à mille difficultés. Omar parle très bien le français mais ne sait pas l’écrire : » J’ai peur d’aller envoyer un mandat ou toucher un chèque ; l’employé est forcé de remplir les papiers à ma place, ça prend du temps et les gens pressés rouspètent derrière moi « .
Le receveur du bureau de poste M. Avenin renchérit : » Il est certain que les jours d’affluence, il y a parfois une certaine impatience, voire de l’intolérance, qui se manifeste « .
Comment réduire les sources d’incompréhension, voire de tension ?
La réponse
La Fondation Delta 7 imagine des permanences d’accueil, tenues par des étudiants bilingues, traducteurs et écrivains publics. Le but est double : aider et mettre à l’aise les clients qui ne maîtrisent pas la lecture et l’écriture du français ; faciliter la tâche des employés du service public.
L’action
En février 1978, Delta 7 obtient l’accord de La Poste d’installer trois permanences expérimentales d’interprètes dans trois bureaux parisiens, à Ménilmontant, Belleville et Clignancourt ; six étudiants bilingues (français / arabe) sont recrutés comme vacataires rémunérés. Un an plus tard, l’expérience est étendue à quatorze bureaux de poste à Paris et quatre en Lorraine (Rombas, Fameck, Hayange et Metz).
En mai 1979, la direction des Postes lance une enquête pour en évaluer l’impact et envisager l’extension de cette innovation. D’autres services publics sont pressentis, dont la Sécurité Sociale.
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