Gilbert Cotteau rappelle volontiers qu’il a reçu de grandes leçons d’apprentissage d’humanité lors de rencontres ou de cheminements durables avec des personnes pour lesquelles l’Autre, parfois le tout Autre, primait sur le « moi je ».
Hermann Gmeiner
Hermann Gmeiner, Président de SOS Kinderdorf International jusqu’en 1984, lui a montré l’importance de l’intériorisation d’une hiérarchie des valeurs. La considération portée aux enfants, aux mères SOS, et de manière plus générale, aux êtres engagés dans leur amour du mieux-être des autres, avant l’attrait des relations flatteuses.
Dr Albert Schweitzer
Le Dr Albert Schweitzer, alors au sommet de la renommée que lui confère le Prix Nobel de la Paix, le reçoit à Lambaréné. Des milliers d’articles de presse sont parus dans de nombreux pays, des livres, un film ; « Il est minuit, Docteur Schweitzer ».
Pourtant, cet homme célèbre se comporte normalement, sans la moindre suffisance. Il invite Gilbert à l’accompagner lorsqu’il rend journellement visite aux malades et aux accidentés hospitalisés, même si ce sont des médecins assistants qui donnent les soins. Il l’amène au village des lépreux, sans doute pour lui montrer sans grandes phrases comment se comporter naturellement. Il lui glisse de temps à autre un conseil précieux, comme s’agissant d’un geste allant de soi : il lui suggère par exemple de personnaliser chaque courrier, même lorsqu’il devra en signer beaucoup, d’éviter toute rédaction administrative et de toujours ajouter un mot manuscrit singulier.
Amadou Hampâté Bâ
Délégué par le Mali à l’Unesco en 1960, il est élu deux ans plus tard au Conseil exécutif de cette institution. Pendant ses huit années de mandat, il fut l’un des rares, dans cette très sérieuse assemblée, notamment lorsqu’il fut directeur général adjoint de l’Unesco, à pouvoir faire éclater de rire toute l’assistance, sachant dénouer au bon moment, par un conte ou une historiette adroitement choisis, les situations politiques les plus tendues. A l’un des délégués occidentaux qui lui demandait un jour :
« Mais que pouvez-vous nous apporter, vous autres Africains ? », il répondit en souriant : « Le rire, que vous avez perdu ! » C’est aussi Amadou Hampâté Bâ qui a prononcé cette phrase, devenue depuis si célèbre qu’on la cite parfois comme proverbe « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ».
Amadou Hampâté Bâ a fait deviner à Gilbert la pépite d’or cachée dans le cœur de tout être humain, sous une gangue de plomb plus ou moins opaque.
Ces rencontres et d’autres lui ont enseigné une attitude : la gratitude.